On estime qu’un adulte sur dix souffre de ce trouble. Les acouphènes sont des bruits générés spontanément dans la voie auditive, sans qu’ils proviennent de l’extérieur. Ils sont le plus souvent liés à une perte auditive même s’ils ont parfois une autre origine. Les chercheurs en clarifient peu à peu les mécanismes pour tenter de proposer des solutions efficaces et durables aux patients les plus affectés. Elles ont pour but de les faire disparaître ou les atténuer suffisamment pour que l’on puisse les oublier. Yves Cazals, directeur de recherche à l’Inserm, spécialiste des anomalies auditives, nous explique que «Si nous restons très ignorants des mécanismes qui les sous-tendent, nous savons qu’une grande majorité d’acouphènes est associée à une perte auditive».
1. L’ostéopathie
Elle aide à libérer les dysfonctions d’ordre mécanique, musculaire ou émotionnel. Le Dr Marie-José Fraysse, ORL, explique que «certains acouphènes, dits somatosensoriels, sont liés à des tensions excessives au niveau de la face, du cou et des mâchoires». Ainsi, l’ostéopathie est parfaitement indiquée pour lever des tensions musculaires excessives au niveau des zones cervicales ou de l’articulation de la mâchoire qui peuvent être la cause des acouphènes.
2. La thérapie comportementale et cognitive
Aussi appelée TCC, elle aide à se désensibiliser à la perception de l’acouphène selon le Dr Philippe Peignard. En pratique, «la personne est confrontée aux états que suscitent l’acouphène et aux situations qui l’aggravent; ceci afin de lui démontrer, par des techniques issues de la «pleine conscience» utilisée en méditation, qu’elle peut les dépasser. Petit à petit, elle va ainsi réinvestir les champs de la vie quotidienne délaissés comme la lecture ou la fréquentation d’endroits bruyants ou silencieux.»
3. La thérapie par le bruit
Il s’agit ici de s’habituer aux acouphènes pour les oublier. Les générateurs de bruits, présentés sous forme de boîtiers ou d’applications pour smartphones, produisent des sons de la nature ou des bruits blancs. Monotones et apaisants, ces thérapies sonore recouvrent les acouphènes et permettent de les oublier. «Ils semblent apporter un réel bénéfice, même s’il existe peu d’études sur cette technique, indique le Pr Sylvie Hébert, professeure à l’école d’orthophonie et d’audiologie de l’université de Montréal. Certaines de nos recherches suggèrent qu’ils pourraient même diminuer les acouphènes, au-delà de l’effet de masquage.»
4. Les traitements médicamenteux
Le Pr Hébert poursuit: «on appelle ainsi les acouphènes objectifs les acouphènes d’origine physiologique, qui peuvent être entendus objectivement au stéthoscope». Ils sont provoqués notamment par des problèmes vasculaires. L’hypertension est la cause la plus fréquente: on entend le battement du sang sur les parois des artères. D’autres maladies peuvent induire des acouphènes objectifs, comme l’hyperthyroïdie, à cause d’une accélération des battements du cœur, ou encore une infection des sinus, qui exerce une pression sur l’oreille moyenne.
5. L’utilisation d’appareils auditifs
Nous rappelons ici qu’un médecin ORL effectue d’abord un bilan auditif et vérifie l’absence de maladies, de perte auditive, de tumeurs ou de malformations de l’oreille (environ 10 % des cas). Ce bilan fait parfois apparaître une perte auditive qui peut être corrigée par un appareil. Le fait d’entendre correctement son environnement peut suffire à couvrir les acouphènes. Quand ce n’est pas le cas, certains appareils sont équipés d’un dispositif anti-acouphènes qui émet des sons. Le Pr Sylvie Hébert souligne qu’«ils sont plus adaptés aux fréquences sonores des acouphènes que les générateurs de bruits. On parvient à les masquer sans produire de bruits inutiles qui pourraient conduire la personne à entendre moins bien son environnement.»